Les obligations de l’employeur : sécurité, équipements et conformité
En matière de télétravail, l’employeur demeure responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés, même si ces derniers exercent hors des locaux de l’entreprise. Plus concrètement, cela implique qu’il doit fournir ou garantir un équipement en bon état de fonctionnement : un ordinateur, une connexion internet (ou le remboursement d’une partie des frais) et, si besoin, un téléphone professionnel. Il est également chargé de la maintenance et de l’assistance en cas de panne ou de dysfonctionnement du matériel.
L’environnement de travail doit, dans la mesure du possible, être adapté aux contraintes liées à l’exercice du poste. Même si la vérification du domicile privé présente des difficultés pratiques et juridiques, l’employeur doit au minimum informer son salarié des règles ergonomiques et de sécurité à respecter. Il peut s’agir de consignes écrites détaillant comment installer son poste de travail, ajuster son siège, prévoir un éclairage suffisant et se ménager des pauses pour éviter les troubles musculosquelettiques. Sur le plan légal, l’employeur peut être tenu pour responsable en cas d’accident intervenu pendant le temps de travail à domicile, si cet accident est reconnu comme accident du travail. C’est pourquoi il est crucial de tracer les horaires et de veiller à ce que le salarié puisse clairement distinguer son temps de travail de son temps personnel.
Par ailleurs, l’employeur doit s’assurer que les logiciels et systèmes d’information fournis sont conformes aux normes de sécurité et de confidentialité imposées par la loi, notamment en matière de protection des données personnelles (RGPD). Il est donc prudent de prévoir des dispositifs de chiffrement, des mots de passe forts et une charte d’usage de l’informatique qui interdise le partage d’informations sensibles sur des réseaux non sécurisés. Dans le cas où la nature du travail requiert l’accès à des données confidentielles, l’employeur devra se montrer encore plus vigilant et prévoir des formations spécifiques pour limiter les risques de fuite ou de piratage.
Droit à la déconnexion et maîtrise du temps de travail
Au-delà des aspects matériels, l’employeur est tenu de faire respecter le droit à la déconnexion. Cette obligation existe depuis la loi Travail de 2016. Il s’agit de permettre au salarié de couper réellement avec son activité professionnelle en dehors des plages horaires définies. En pratique, les employeurs peuvent mettre en place des systèmes qui bloquent l’envoi de mails en dehors de certaines heures, ou simplement rappeler qu’aucune réponse n’est attendue à partir d’un certain moment de la journée. Ce sujet est particulièrement sensible en télétravail : la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient parfois floue, et il est facile de se laisser emporter par une succession d’emails ou de messages instantanés tardifs.
Le contrôle du temps de travail ne disparaît pas en télétravail. Au contraire, la loi exige un décompte précis des heures réalisées, afin de veiller au respect de la durée légale et des temps de repos quotidiens et hebdomadaires. Dans certaines entreprises, un logiciel de gestion du temps peut être installé pour enregistrer les connexions et déconnexions. Dans d’autres, on privilégie une confiance mutuelle, appuyée par des comptes rendus réguliers ou des réunions de suivi. Sachez qu’il est interdit de demander au salarié d’être disponible en permanence. Les plages horaires d’accessibilité doivent être définies de manière raisonnable, en restant conformes à la réglementation sur la durée du travail.